Les défis des Directeurs Financiers : focus sur l’environnement macroéconomique
Corcentric
La macroéconomie est une branche de l’économie traitant des performances, des structures, du comportement et des influences qui affectent une économie dans son ensemble, de l’échelle régionale à l’échelle mondiale.
Les politiques fiscales et monétaires régionales et mondiales jouent un rôle dans la détermination des structures et le pilotage des performances macroéconomiques, mais les influences géopolitiques, environnementales et culturelles sont plus difficiles à contrôler par les instances dirigeantes — si tant est qu’elles le soient.
Les Directeurs Financiers doivent prévoir les performances financières, les opportunités de croissance et la gestion des risques en tenant compte de ces pressions macroéconomiques, en arrière-plan. Les décisions prises pour favoriser la rentabilité sur le court terme peuvent vite se retrouver invalidées par des changements macroéconomiques..
Les Directeurs Financiers doivent structurer la chaîne d’approvisionnement, la distribution et les relations avec les parties prenantes externes pour défendre leur organisation contre les facteurs macroéconomiques les plus graves, tout en opérant de manière suffisamment agile pour tirer parti des opportunités macroéconomiques, telles que les différences d’habitude de consommation, de taux d’intérêt et de taux de change entre les pays.
Situation actuelle
Dans un monde en train de se remettre de la pandémie de COVID-19, mais confronté à des tensions géopolitiques croissantes, à des pressions environnementales et à une inadéquation entre la croissance démographique prévue et les besoins alimentaires et énergétiques associés, les facteurs macroéconomiques sont susceptibles d’impacter de plus en plus les performances et les perspectives des entreprises.
Les Directeurs Financiers se battent avec des initiatives visant à répondre aux demandes régionales, telles que les pressions réglementaires en matière de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, mais ils doivent également être parfaitement conscients de la manière dont les facteurs macroéconomiques affectent leurs activités et rester suffisamment agiles pour s’y adapter.
Ils doivent surveiller tous les facteurs pouvant avoir un impact sur les activités quotidiennes de leur entreprise, qu’il s’agisse de facteurs macroéconomiques à long terme, comme le changement climatique, ou de changements à court terme et moins prévisibles, puis évaluer et suivre les bons indicateurs financiers, afin d’identifier et de mettre en œuvre les changements opérationnels les plus pertinents, le plus rapidement possible.
Comment la macroéconomie affecte-t-elle votre entreprise ?
Les facteurs macroéconomiques impliquent une interaction complexe entre la production, l’investissement et la consommation, mais les années futures devraient être fortement influencées par les aspects macroéconomiques cités ci-après.
Inflation
L’inflation augmente dans le monde entier. Les dépenses publiques ont enregistré une augmentation spectaculaire dans la plupart des pays, pour lutter contre la pandémie de coronavirus. La politique monétaire a été adaptée pour permettre d’injecter des liquidités pour soutenir ces dépenses, conduisant inévitablement à de l’inflation.
Mais le coût de la pandémie n’est pas le seul facteur de ce phénomène : la rareté de l’énergie et des matériaux, combinée à l’augmentation de la demande et aux pressions géopolitiques sur l’offre, sont également très importants.
Si une inflation contrôlée est avantageuse pour les gouvernements et la plupart des entreprises, l’inflation à deux chiffres observée actuellement dans de nombreux pays peut constituer une menace pour la croissance économique, car elle entraîne une diminution des dépenses et une augmentation des taux d’intérêt sur les remboursements.
Énergie
L’invasion de l’Ukraine a entraîné des changements massifs dans la distribution du pétrole et du gaz au niveau mondial. L’offre étant limitée, le prix du carburant a augmenté de manière significative. Les coûts énergétiques par kilowattheure ont donc augmenté, que la source soit renouvelable ou non.
La hausse des prix de l’énergie a un impact direct sur toutes les entreprises et tous les consommateurs. Les coûts de production et de distribution augmentent au même rythme que le prix de l’énergie, afin de compenser le coût de l’énergie utilisée à chaque étape. Ces coûts sont ensuite répercutés sur les consommateurs, ce qui accentue l’inflation.
Les entreprises parvenant à réduire leur consommation d’énergie bénéficieront d’un avantage concurrentiel, car elles seront en mesure de vendre leurs produits et services à un prix inférieur et/ou de réaliser une marge plus élevée que les alternatives plus gourmandes en énergies.
Chômage
Bien que le chômage soit considéré comme un facteur macroéconomique majeur, les taux de chômage restent faibles fin 2022 dans la majorité des régions du monde. Le Royaume-Uni, par exemple, a enregistré son taux de chômage le plus bas (3,5 %) depuis 1974 sur la période de mai à juillet 2022. On s’attend à ce que ces chiffres évoluent considérablement au cours des prochaines années, le RU prévoit une augmentation de 40 % du chômage (qui atteindrait 4,9 %) d’ici 2024.
L’augmentation de l’inflation entraînera une diminution des dépenses de consommation, qui entraînera à son tour des licenciements dans les entreprises, en raison de la baisse de la demande de produits et de services. La combinaison d’une inflation élevée, d’une croissance lente et du taux de chômage élevé qui en résulte est appelée stagflation.
Le développement de l’automatisation dans tous les secteurs permettra aux entreprises de maintenir, voire d’augmenter, la production en employant moins de personnel, mais si cette diminution n’est pas compensée par des créations de nouveaux emplois, le chômage augmentera.
Les entreprises rencontrant actuellement des difficultés pour fidéliser leurs collaborateurs et développer les compétences de leurs équipes pourraient espérer que la hausse du chômage crée un plus grand réservoir de talents prêts à être embauchés, mais la baisse de la demande de produits et de services risque de prendre le pas sur le recrutement.
Consommation
La consommation est l’acte d’utiliser des ressources pour satisfaire des besoins et désirs actuels. Elle s’oppose à l’investissement, qui consiste à utiliser des ressources pour générer des revenus à l’avenir. Lorsque les finances des consommateurs sont mises à mal, en période de récession par exemple, les niveaux d’investissement et de consommation diminuent globalement.
Dans la plupart des pays, la consommation est la composante la plus importante dans le calcul du PIB, elle représente entre 45 % et 85 % du PIB.
La consommation est à l’origine des ventes. Une réduction de la consommation est donc une mauvaise nouvelle pour l’économie et les entreprises dans leur ensemble.
Commerce international
La majorité des chaînes d’approvisionnement des entreprises, voire des comptes clients, sont liés au commerce international. Ces dernières années, les tensions géopolitiques, les guerres et les pandémies ont eu des répercussions sur le commerce international.
Les entreprises s’approvisionnant auprès de partenaires internationaux dans le but de réduire leurs coûts pourraient être amenées à réévaluer leurs choix et à repenser leur chaîne d’approvisionnement pour améliorer leur capacité de résilience en cas de nouveaux chocs.
Les entreprises vendant à l’international doivent relever des défis de plus en plus complexes en matière de facturation et de conformité fiscale, notamment en Europe. La facturation électronique a permis de réduire les délais et les coûts d’impression et de livraison des factures, mais il les a remplacés par la nécessité de se connecter à une série de portails de facturation utilisant des formats de livraison spécifiques et de se soumettre au Contrôle Transactionnel Continu (CTC).
Finance internationale
Les relations financières entre les pays ont été mises à rude épreuve ces dernières années, car l’augmentation des risques politiques et environnementaux a accentué les divisions géographiques. L’inflation s’installant à des rythmes différents d’un pays à l’autre, les taux de change, les marchés financiers, les capacités de production et la demande varieront également d’un pays à l’autre, ce qui est à la fois synonyme d’opportunités et de risques. Plus les entreprises sont agiles et adaptables au niveau de leurs chaînes d’approvisionnement et de distribution, plus elles ont de chances de surpasser leurs concurrents moins flexibles.
Macroéconomie : Comment Atténuer les pressions
La politique macroéconomique est généralement mise en œuvre au moyen de deux « boîtes à outils » : la politique budgétaire et la politique monétaire. Ces deux formes de politique sont utilisées pour stabiliser l’économie. Les entreprises sont, dans une certaine mesure, à la merci de la politique macroéconomique et des performances économiques des pays dans lesquels elles opèrent. Elles peuvent toutefois prendre certaines précautions et faire certains choix pour être moins exposées aux risques macroéconomiques.
Au sein du comité exécutif, le DAF peut avoir pour rôle de créer de la valeur pour les parties prenantes, mais il doit également protéger l’organisation des risques financiers tels que les pressions macroéconomiques.
Les Directeurs Financiers doivent désormais prendre des décisions stratégiques pour limiter l’impact des facteurs macroéconomiques sur les performances de l’entreprise. Les équipes financières devraient réfléchir à des initiatives plus stratégiques en matière d’Achats pour optimiser les flux de trésorerie et la résilience de la chaîne d’approvisionnement. En cette période difficile, les modèles d’entreprise doivent s’adapter à une gestion des stocks plus sûre — et pas nécessairement plus légère —, en calculant le retour sur investissement en termes de valeur marchande actuelle des actifs, plutôt qu’en valeurs historiques.
Les Directeurs Financiers doivent également se tenir très informés des politiques appliquées par les banques centrales pour pouvoir anticiper et planifier, plutôt que d’essayer de s’adapter après que les événements n’aient eu lieu.
Les dirigeants financiers sont désormais davantage incités à se concentrer sur la résilience que sur les résultats financiers. Les bénéfices tirés des investissements dans les nouvelles technologies, les fournisseurs de services et les processus pour obtenir un avantage concurrentiel peuvent être rapidement annulés par le manque de résilience de l’entreprise face aux changements macroéconomiques.
Le besoin d’atténuer les défis macroéconomiques intervient dans un contexte inédit d’extrême incertitude, créé par la combinaison de la volatilité du marché, de l’industrie et de la chaîne d’approvisionnement.
Ces pressions, ajoutées à la complexification constante du commerce en B2B, poussent les Directeurs Financiers à adopter une approche holistique de leurs écosystèmes financiers, afin de générer une croissance prévisible et rentable.